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Le « World Congress Of Accountants » s’est déroulé du 5 au 8 novembre dernier à Sydney. Organisé tous les quatre ans par l’IFAC, l’édition 2018 de cet événement a réuni près de 6 000 participants venus du monde entier.

Quatre jours de congrès pour réunir près de 130 pays et permettre aux professionnels de la comptabilité de faire le point sur leur pratique et partager différents points de vue sur la profession. L’occasion pour le Darling Habour de Sydney de revêtir les couleurs du WCOA (« World Congress Of Accountants »). Cette édition 2018 s’est fixée comme but de permettre aux professionnels du chiffre de développer leurs compétences, de mener une réflexion globale sur la profession, de se tourner vers le futur et d’envisager le renouveau de la profession. Rétrospective sur les temps forts de cet événement majeur de la profession comptable.

Développer ses compétences

Après une cérémonie d’ouverture qui met à l’honneur la culture du peuple aborigène, place au développement des compétences. Différents intervenants insistent sur la nécessité de rester attentifs aux évolutions en matière d’outils et de technologies.

C’est pourquoi, lors du premier après-midi les participants ont la possibilité de suivre des ateliers pratico-pratique pour découvrir ou développer leurs connaissances sur des outils tels Microsoft excel appliqué à la finance et à la comptabilité, Business intelligence, Data Visualisation… La technologie est également au cœur des préoccupations des professionnels ; en témoignent les éditeurs de logiciels présents sur l’espace partenaires du Congrès.

Définir ses objectifs

Dans l’optique d’aider les experts-comptables à se positionner sur les points stratégiques pour la profession et leurs cabinets, un certain nombre de leaders d’opinion mondiaux ainsi que des acteurs du changement mettent au défi la profession sur des sujets comme l’éthique, la confiance, le positionnement de l’économie mondiale ainsi que les changements sociaux des prochaines années. Pour se faire, l’historien Niall Ferguson démontre comment le monde dans lequel les experts-comptables évoluent actuellement s’est organisé en tenant compte des événements passés comme la crise de 2008. L’occasion pour lui de mettre en lumière les indicateurs qui étaient présents juste avant cette crise majeure et de mettre en garde l’audience sur les indicateurs ou les événements significatifs actuels comme le Brexit, l’élection de Trump, l’avancée du populisme, la montée en puissance de l’autoritarisme, le tout accompagné par la mise en place de systèmes collaboratifs mondiaux qui échappent pour le moment à toute forme de régulation étatique, comme les cryptomonnaies.

Des transformations importantes auxquelles il faut porter une attention particulière et essayer de devancer les impacts que ces éléments peuvent avoir sur l’économie mondiale.

La technologie et ses remises en question

Pour les professionnels du chiffre à travers le monde, la question des outils technologiques est une question centrale qui amène la profession toute entière à se positionner. Au-delà de savoir quels outils mettre à disposition des clients ou quels outils de production adopter pour les cabinets, se sont des questions d’éthique, de protection des personnes, de protection des données, de cybercriminalité, d’arrivée des robots qui font débat. L’éthique représente une prise de position centrale. Tout au long de ce Congrès, les professionnels ont attiré l’attention des intervenants sur le fait que la profession est attachée à une utilisation éthique des outils de nouvelles technologies. Ainsi la collecte et l’utilisation des données doit se faire de façon raisonnée afin de continuer à garantir aux clients un haut niveau de qualité et une relation de confiance forte. Question sous-jacente de l’éthique, quelle utilisation de l’intelligence artificielle au sein des cabinets d’expertise comptable ? Jusqu’où l’utilisation de cette technologie reste-t-elle éthique ?

La cybercriminalité, une fatalité ?

De pair avec la montée en puissance des nouvelles technologies, la cybercriminalité est en expansion sur les derniers mois. Tous les types d’entreprise sont touchés de plein fouet par des cyberattaques avec plus ou moins d’impacts concernant la viabilité et la continuité d’exploitation de ces dernières. Ainsi, de nombreuses entreprises ont mis en place des systèmes de sécurité, des tests anti-intrusion afin de se prémunir contre les actes des cybercriminels et ainsi éviter le « Zero day ».

Qu’est ce que le « Zero day » ?
« Zero day » (zéro jour) fait référence à la date depuis laquelle les « gentils » ont connaissance d’un problème de sécurité dans un logiciel. Il existe deux types de « Zero day ». Une vulnérabilité « Zero day » est une faille de sécurité logicielle qui peut être présente dans un navigateur ou une application. Un exploit « Zero day », en revanche, est une attaque numérique qui tire parti des vulnérabilités « Zero day » pour installer un logiciel malveillant sur un appareil.
Source : McAfee
A savoir : les cybercriminels voient les professionnels de la comptabilité et des déclarations sociales et fiscales comme des cibles faciles et donc comme ayant un fort intérêt pour eux. Bien souvent ce sont des entreprises qui détiennent des informations clés sur les entreprises clientes.

Systèmes de sécurité informatique simple à hacker + Données pertinentes sur les entreprises = cible privilégiée

De la prospective

Pour amener la profession à se positionner dans la prospective, divers intervenants, spécialistes de la créativité en entreprise, proposent aux participants de travailler sur les différentes manières dont ils peuvent disrupter leur propre profession. Maître mot, « soyez anti-conformistes, dressez une liste de toutes les tâches et travaux que vous accomplissez et trouvez comment faire les choses autrement, les présenter autrement aux clients, autrement dit « Think Different » ! ».

Passation de pouvoir et remise de prix

Le WCOA 2018 est également l’occasion de la passation de pouvoir entre Rachel Grimes, past-president de l’IFAC et Dr. In-Ki Joo, nouveau président de l’IFAC. Dr. In-Ki Joo, de la République de Corée, a été élu à la Présidence de l’IFAC le 2 novembre dernier à Sydney. Devenu vice-président en novembre 2016, après avoir rejoint le conseil d’administration de l’IFAC en novembre 2012, il a également été nommé par l’Institut coréen des experts-comptables agréés (KICPA). Par la suite, il préside le comité de planification et des finances du conseil de l’IFAC. M. Joo est professeur émérite de comptabilité à la Yonsei University School of Business (République de Corée). Auparavant, il était doyen du University College et doyen des affaires académiques à l’Université Yonsei. M. Joo a également présidé la Confédération des comptables de l’Asie et du Pacifique de 2009 à 2011.

Durant la cérémonie de clôture de cette édition 2018, le français René Ricol reçoit le prestigieux IFAC Global Leadership Award pour récompenser sa contribution remarquable à la profession comptable.

Rendez-vous dans quatre ans…

La prochaine édition du « World Congress Of Accountants » aura lieu en 2022 en Inde dans la ville de Bombay. La profession comptable indienne représente près de 10 % de la profession comptable au niveau mondial. L’équipe d’organisation est déjà à pied d’œuvre pour accueillir les délégations du monde entier.

L’IFAC, International Federation of Accountants, représente plus de 175 associations de comptables, dans plus de 130 pays et 3 millions de comptables à travers le monde.

La Profession Comptable – revue Novembre 2018